mardi 11 septembre 2012

Culpabilité de maman

Je me sens moche, horrible, égoïste...  Mais je n'y peux rien, je me sens comme ça.  J'ai l'impression d'avoir une chaîne autour des pieds, une chaîne avec très peu de leste. 

Je reviens de la session d'inscription aux scouts.  C'est la première fois que j'inscris mon fils à une activité qui aura lieu un soir de semaine.  Il voulait faire du basket ou les scouts.  Je lui ai demandé de choisir car une c'est suffisant : il a déjà suffisamment de difficulté à fonctionner en soirée, à faire ses tâches et à étudier.  Il a réfléchi et a finalement choisi les scouts. 

Tout se passait bien jusque là.  Même chose lorsque nous sommes arrivés dans la salle même si au bout de 15 secondes il était accroché à mon bras comme si sa vie en dépendait.  On nous a donné le formulaire et la feuille explicative.  Et plus rien n'allait ensuite. 

Quand il a vu qu'il devrait partir deux fois pendant l'année pour une fin de semaine avec les Louveteaux, il a paniqué.  Les larmes ont coulé, la respiration s'est accélérée, les muscles sont devenus tout raides.  "Toute la nuit loin de toi?"  "Tout à coup que j'ai un accident?  Ou que toi tu as un accident et que tu ne peux pas venir me chercher?"  Rien à faire, il ne se calmait pas.  J'ai bien failli prendre ma feuille de papier, me lever et partir.  Laisser tomber les scouts et choisir le basket. 

Qu'est-ce que je suis supposée faire?  D'un côté, je sens que sa peur est réelle, qu'il est vraiment anxieux.  De l'autre, c'est ma job de parent de lui apprendre à être indépendant, à surmonter ses peurs, à expérimenter de nouvelles choses.  Et il y a moi aussi.  Juste d'écrire ça me rend malade...  Mais est-ce que j'ai le droit d'exister au-delà de mon rôle de mère?  Je voudrais prendre un cour, ou juste aller magasiner, prendre un café sans lui une fois de temps en temps.  Avoir un soir par semaine de libre, un tout petit deux heures, pour moi...

Donc, je suis là, assise à une table avec un grand garçon de neuf ans assis sur mes genoux qui pleure et qui panique.  Il y a plein d'autres enfants autour qui crient et jouent.  Je ne me suis pas levée, je l'ai calmé.  On a respiré profondément ensemble et quand la crise a passé, j'ai raisonné avec lui.  Je lui ai parlé de l'expérience, du fait qu'il serait avec des animateurs qu'il connait, d'autres enfants qu'il connait aussi.  Que la sortie n'était pas la semaine prochaine, qu'il aurait le temps de se préparer.  Ça a marché.  Il a admis avoir peur, mais qu'il serait capable de surmonter cette peur. 

Oufff.  J'étais convaincue d'avoir réussi.  Comme je me trompais.  Une fois les chèques et le formulaire remis, il a appris que les rencontres étaient tous les lundis et duraient deux heures.  Je ne comprends pas pourquoi il a fait une crise pour ça.  Il ne voulait pas que moi, je fasse autre chose pendant ce deux heures. C'est comme s'il avait constamment besoin de savoir où je suis précisément et ce que je fais à chaque instant. 

C'est lourd...  C'est très lourd.  Il a presque dix ans.  Je voudrais qu'il aille chez ses amis jouer, qu'il les invite ici, qu'il fasse du vélo comme tous les autres enfants du quartier.  J'ai finalement trouvé quelqu'un dans mon quartier qui pourrait le garder de temps en temps.  La fille d'une amie qui habite tout près.  On ne parle pas de journées complètes pour le moment, mais bien d'une heure ou deux.  Pour me donner la chance de m'inscrire à un gym par exemple.  J'aimerais tellement ça.  Mais à chaque fois que je lui en parle, c'est la panique.  Qu'est-ce que je suis supposée faire?

Il est assis sur l'autre sofa à côté de moi en ce moment.  Il me demande dans combien de temps, dans combien de mots j'aurai fini parce qu'il veut venir s'asseoir sur moi pour le reste de la soirée.  Je sais que quand il ira se coucher, il va me demander à quelle heure je vais me coucher et qui si j'ai le malheur d'ouvrir la porte d'entrée une fois qu'il sera couché, je le verrai descendre en courant pour s'assurer que je suis encore dans la maison. 

D'où lui vient cette peur?  Je ne l'ai jamais abandonné.  J'ai toujours été là, je ne suis jamais arrivée en retard.  Je ne comprends pas, mais il faut que ça change parce que maman là, elle a l'impression de ne plus pouvoir faire un pas sans avoir de comptes à rendre ou sans avoir à traîner un garçon de soixante-cinq livres solidement accroché à mon bras.  Quel genre d'adulte va-t-il devenir s'il n'arrive pas à passer par dessus cette phase? 

Je ne sais vraiment plus quoi faire...  Mais je suis au bord de craquer...

2 commentaires:

Marie-Lionne a dit…

Guillaume m'a fait à peu près la même chose vers cet âge... Il parlait tout le temps de moi, s'inquiétait pour moi, etc. Il vivait alors chez son père, mais on aurait dit qu'il était fusionnel avec moi. Ça a heureusement passé...

Cora Chelté a dit…

Je ne me rappelle pas, mais a-t-il déjà vu un psychologue? Ou autre spécialiste pour l'aider à gérer son anxiété. Chose certaine, toi, tu dois te trouver quelque chose (sorties, activités, ...) pour prendre du temps pour toi... Prends soin de toi!