mercredi 21 novembre 2012

Ça commence le premier jour

La première fois que je me suis inquiétée pour mon fils, c'était en août 2002.  Sur la table d'examen dans le bureau de mon médecin, il me passait l'écouteur sur le ventre à la recherche d'un battement de coeur.  Ça s'est prolongé pendant de longues minutes, je ne sais plus combien.  La rencontre s'est terminée un peu plus tard.  Il m'avait pris un rendez-vous d'urgence en échographie et il avait aussi pris la peine d'appeler ma mère qui travaillait à l'hôpital.

Je ne sais pas comment j'ai pu retenir mes larmes jusqu'à ce que je rejoigne ma mère.  J'ai même souri et "jaser" avec ses collègues qui me demandaient comment se passait la grossesse.  Je n'avais qu'une envie, me mettre à pleurer dans les bras de ma mère.  Mon bébé était peut-être mort...  Après une heure à attendre dans une salle d'attente, la technicienne m'a dit que le coeur battait très bien, elle m'a même dit que c'était un garçon. 

C'était la première fois que je m'inquiétais pour lui.  Que je comprenais que je donnerais tout ce que je j'ai pour lui éviter d'avoir mal ou de souffrir. 

Au fil des ans, j'apprends lentement à gérer mon inquiétude.  J'apprends que je ne peux pas le protéger de tout, malheureusement...  heureusement?

Aucun parent n'est préparé je crois à avoir un enfant à défi.  Le trouble anxieux, le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité, la dyspraxie, le trouble envahissant du développement.  Je ne connaissais même pas ça cette journée en août 2010.  Tout ce que je voulais était que le coeur de mon enfant batte. 

Son coeur bat.  Ses yeux me font rire, ses longs bras minces me serrent très fort.  Il grandit, il commence à s'intéresser aux filles (à 9 ans, c'est normal??).  Nos soirées films du vendredi ne consistent plus à regarder des dessins animés.  Il ne croit plus au Père Noël (Franchement maman, c'est pour les bébés le Père Noël!).

Je le regarde mon grand garçon et je le trouve pâle.  Il est cerné.  Il ne chiale presque plus pour aller dormir le soir et le matin, je dois le sortir du lit.  Il est impatient, un peu comme moi je le suis quand je suis fatiguée.  Ça dure depuis quelques mois, et ça ne s'améliore pas. 

J'ai cru que c'était le biphentin.  Mais lorsque ça a continué avec le Vyvanse, je me suis dit que c'était peut-être autre chose.  Alors j'en ai parlé au médecin la semaine passée.  Ce dernier nous a posé plusieurs questions, entre autres sur les maux de tête.  J'ai appris que mon fils avait souvent mal à la tête, que ça le réveillait même la nuit.  Je n'en revenais pas.  Ma sauterelle n'est pas du genre à se plaindre et il a une bonne résistance à la douleur, mais se réveiller à cause d'un mal de tête?

Ma tête me répète sans cesse que ce n'est probablement rien.  En tout cas rien de sérieux.  Mais ça occupe toujours une partie de mes pensées.  Je n'arrive pas à ne pas imaginer le pire. 

Il a eu une prise de sang vendredi.  Comme je n'ai pas encore eu de nouvelles des résultats, j'ai donc l'impression que tout était beau.  Et il doit passer un scan du cerveau ce vendredi.

J'en ai parlé à ma patronne aujourd'hui.  Elle est aussi mère et elle m'a dit ceci...  L'inquiétude commence le jour où l'on apprend qu'on va avoir un enfant et puis c'est ça, on n'arrête jamais après ce premier instant. 

samedi 10 novembre 2012

Nouvelles de Stéphanie

J'écris moins souvent.  Pourtant, tous les soirs, je sais ce que je veux écrire.  J'ai quelque chose à dire, les mots sont là.  Mais la fatigue l'emporte et je m'endors avant d'avoir pu prendre le temps d'écrire. 

Car oui, je suis fatiguée.  Je dors bien pourtant, mais je continue d'être fatiguée. 

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La semaine a été difficile pour ma sauterelle.  D'ailleurs, depuis environ deux semaines, ça va comme ci comme ça.  À l'école, tout était parfait jusqu'à cette semaine, mais à la maison...  Il est fatigué lui aussi et il bougonne, il est impoli et parfois, il valse avec le manque de respect.  Le matin, je dois presque le tirer en dehors du lit et ne coopère pas du tout lorsque vient le temps de s'habiller, déjeuner et se brosser les dents.  Nous sommes en retard tous les matins.  Puis le soir, ce n'est guère mieux.  Il chiale pour tout : ce que j'ai préparé pour le souper, ses tâches, ses devoirs.  Lorsque je lui dis d'aller se coucher, il se fâche et ce même s'il peine à garder les yeux ouverts. 

Et pour couronner le tout, il a été suspendu cette semaine.  Il a poussé un garçon.  Ne lui dites pas, mais je ne peux pas vraiment le blâmer pour ça, le garçon l'écoeurait depuis 10 minutes lorsqu'il a finalement perdu patience et l'a poussé.  Rien n'excuse la violence, mais il y a quand même des gestes plus graves que d'autres.  Cependant, je ne critique pas la décision de l'école, je crois que c'est ce qu'il fallait faire.  Surtout que c'était une suspension à l'interne.  Il a passé la journée à l'écart de sa classe à faire les travaux, privé de récré avec ses amis.  Il a trouvé la journée longue et difficile, mais ça lui a fait du bien. 

En tout cas, j'espère qu'il retrouvera bien vite sa bonne humeur habituelle, parce que c'est épuisant un p'tit bougonneux comme ça. 

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Je retrouve mon travail depuis quelques semaines.  Au début, le fait de me replonger dans mes anciens dossiers me causaient beaucoup d'anxiété.  C'était difficile.  Ça me rappelait les mois difficiles de l'an dernier - déjà un an!

Mais les choses ont changé.  J'ai appris je dirais, mais c'est plus que ça.  Je me remets dans ces dossiers et je retrouve la passion qui m'a animée pendant de si nombreuses années.  J'ai toujours aimé mon travail.  J'y ai cru et je sais que je suis bonne.  Sauf que j'avais perdu confiance en moi, en ma capacité d'affronter toutes les difficultés qui pourraient se présenter.  Plus maintenant.  J'ai survécu.  Ceux qui me connaissent savent ce qui s'est passé et le fait que je sois toujours là est une victoire, ma victoire sur moi-même. 

Par contre, c'est un peu la folie en ce moment.  Il y a trois semaines, j'ai dû faire un rapport dans le genre que je n'avais jamais fait avant.  Je ne savais même pas par quoi commencer; je n'avais pas non plus de modèle de ce à quoi ça devait ressembler.  Je connaissais bien Excel pour faire des calculs, mais pas les autres fonctionnalités.  Il y a deux fins de semaines, j'ai passé dix heures à travailler sur la première ébauche.  Ma patronne était très contente du résultat.

Demain, je dois m'y remettre.  Il y a d'autres changements à faire, mais je dois maintenant tout traduire.  Pour mardi!  Et comme lundi est un jour de congé pour moi...

Ceux qui disent que les fonctionnaires ne travaillent pas fort, fort... :)  Par les temps qui courent, je n'en vois pas beaucoup qui ne sont pas débordés.  Nous n'avons pas vraiment le temps de chômer.

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Je me suis lancé un défi il y a deux semaines.  Plus de sucre pendant un mois!  J'ai du poids à perdre.  Une année de stress a eu cet effet sur moi.  Par contre, le régime, ça ne marche pas.  J'ai essayé, pas très fort par contre.  Et le coeur n'y est pas, pas encore du moins.  Motivation ou volonté, je ne sais pas vraiment ce qui me manque, mais je ne suis pas là. 
 
Par contre, je fais de l'exercice.  Au moins trois fois par semaine: tapis roulant, exercices pour les abdos, les épaules, les bras.  Lorsque j'ai commencé, je me suis dit que je le faisais pour ma santé et non pour mon poids.  Et ça fonctionne comme ça car ne j'ai pas abandonné depuis le mois d'août, même si la perte de poids elle, se fait attendre. 
 
Le sucre par contre...  J'en mange beaucoup trop.  C'est comme une mauvaise habitude.  Biscuits, bonbons, chocolat.  J'ai tout arrêté, et j'ai commencé le jour avant l'Halloween.  Je ne sais pas si vous le savez, mais pour une bibitte à sucre comme moi, des gros plats remplis de bonbons et de chocolat, c'est vraiment très difficile de résister.  Mais je n'ai encore rien pris depuis douze jours.  Ce n'est pas trop difficile la plupart du temps.
 
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Noël approche.  J'ai acheté mes premiers cadeaux cette semaine.  Achat sur internet, ça devrait arriver d'ici la fin de la semaine.  Je suis encore en train de réfléchir à ce que je vais offrir à ma sauterelle.  Il faut que je lui achète un lit, mais je ne veux pas que ce soit son cadeau.  Son père lui offre une PS3, mais comme il lui donnera le cadeau après moi, je ne peux pas vraiment acheter des jeux vidéo de PS3. 
 
Comme il ne joue pas avec des jouets, c'est vraiment difficile de lui acheter des cadeaux. 
 
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Sur ce, bonne nuit, je vais me coucher.  


jeudi 1 novembre 2012

Apprendre à donner

L'été dernier, je suis allée avec mon fils à la banque pour lui ouvrir un compte.  Nous sommes ensuite revenus à la maison et j'ai établi une liste de tâches, ainsi qu'un horaire.  Si mon fils fait toutes les tâches et qu'il se comporte bien à l'école, je lui donne 10$ tous les dimanches.  Et comme il est du genre à perdre son argent, et moi du genre à ne pas avoir d'argent comptant sur moi, je transfère les sous de mon compte de banque au sien. 

Mon fils étant un TED, c'est particulièrement important que tout soit clair et je voulais laisser le moins de place possible à la subjectivité.  Donc, j'ai établi des "déductions" sur son allocation bien claires : manquer de respect à un ami ou un adulte équivaut à une perte de 1$, une fiche de comportement, 5$.  Ça fonctionne plutôt bien je dirais.

J'avais trois intentions en instaurant ce système.  D'abord, faire participer mon fils aux tâches de la maison.  Il doit maintenant ranger ses vêtements dans ses tiroirs après le lavage, sortir les poubelles, essuyer la vaisselle et garder sa chambre propre.  Rien de trop exigeant, mais c'est un début.  Ensuite, avec des tâches précises à faire tous les jours, je voulais que la routine du soir soit plus facile.  Et ça fonctionne très bien je dirais. 

Enfin, je n'en pouvais plus d'aller au magasin et me faire demander tout le temps d'acheter tel cossins ou jouet.  C'était presque du harcèlement.  "Je veux, je veux, je veux".  Je le gâte probablement un peu trop et je voulais arrêter ça.  Alors maintenant, s'il veut quelque chose, il peut se l'acheter lui-même.  C'est son argent, il peut le dépenser comme il veut.  Bien entendu, je lui pose des questions parfois pour l'amener à réaliser qu'une chose est peut-être un meilleur achat qu'une autre, mais en bout de ligne, c'est lui qui décide. 

Tout ça fonctionne, mais je peux voir qu'en plus, il développe son sens de la valeur de l'argent et sa capacité à prendre une décision.  Je peux aussi constater qu'il est généreux car il offre souvent à ses cousines de leur acheter de petits cadeaux pour leur faire plaisir. 

La générosité est une qualité que j'aime vraiment chez lui.  J'ai la chance de vivre relativement confortablement; j'ai un bon salaire, pas trop de dettes et la chance d'avoir acheté ma maison il y a plus de douze ans, quand les prix étaient encore raisonnables.  Je peux donc me permettre de gâter ceux que j'aime.

J'aime aussi donner à certains organismes de charité et de recherche.  Tous les ans, je choisis mes organismes et je fais des dons qui sont directement prélevés sur mon salaire.  En plus de ça, depuis deux ans, je donne de l'argent tous les mois à l'Unicef. 

L'Unicef a une campagne intéressante pendant le temps des fêtes.  C'est possible d'acheter des cadeaux pour les enfants dans le besoin.  Il y a un catalogue et on peut acheter des choses qui vont de vaccins aux cahiers d'école en passant par les trousses pour les nouvelles maman jusqu'aux ensembles d'arts. 

Alors cette année, j'ai voulu que ma sauterelle participe à ce don.  Ensemble, nous avons regardé le catalogue et nous avons choisi des cadeaux.  Il a voulu contribuer 10$ et il a choisi des ballons de soccer.  Je ne l'ai pas obligé, mais il voulait le faire.  J'étais très fière de lui.  Je croyais que c'était important qu'il comprenne que ce n'est pas tous les enfants qui ont sa chance.

C'est le fun de penser que des enfants pourront jouer au soccer parce que ma sauterelle a fait ses tâches à la maison.  :)