dimanche 16 décembre 2012

Semaines difficiles pour les enfants

Il y a d'abord eu cette mère.  Et trois enfants qui n'étaient plus.  En un instant, disparus.  Incompréhensible.  Je suis mère, et comme tellement d'autres, je donnerais ma vie contre celle de mon fils s'il le fallait.  Je ne peux comprendre...  Troubles mentaux ou pas...  Tuer son enfant, c'est un non sens, une impossibilité.

Et puis ce médecin qui est à nouveau libre "de reprendre une vie normale".  Comment peut-on vivre une vie normale lorsque nos enfants sont morts si petits?  Que nos enfants sont morts troués.  Comment reprendre une vie normale lorsque nos enfants sont morts par notre main?  Le rationnel comprend qu'il ait été libéré cette semaine.  Le rationnel ne comprend pas qu'on ait pu le déclarer non criminellement responsable.  L'erreur s'est produite il y a un an et demi.  Comment cet homme peut-il vouloir reprendre une vie normale alors que la mère ne ses enfants ne peut toujours pas le faire? 

Et l'inimaginable.  L'impensable.  L'inacceptable.  Les médias ont déjà commencé à évoquer des hypothèses.  Expliquer l'inexplicable.  Maladie mentale?  Comment ne pourrait-il pas y avoir de maladie mentale lorsqu'on abat sauvagement des enfants de 6 ans?  Comment une personne peut même en avoir l'idée? 

Trop de questions...  Trop d'enfants disparus.  Trop d'enfants marqués, blessés, meurtris.  Car il n'y a pas que ceux-ci.  Il y a les autres.  Ceux qui reçoivent des coups.  Ceux qui doivent vieillir trop vite.  Ces jeunes filles au Congo entre autres qui sont kidnappées dans leur village et violées par des "soldats" pendant des mois, jusqu'à bien souvent mourir.  Et il y a les enfants qui étaient cachés dans les placards et les salles de bain de cette école.  Qui ont entendu les coups de feu et qui devront retourner dans une école où il y a vingt enfants en moins. 

Vendredi, j'ai décidé de ne pas en parler à mon fils.  Je voulais lui épargner cette horreur.  Mais samedi, j'ai changé d'idée.  Je me suis dit qu'il valait mieux que ce soit moi qui lui en parle que de prendre le risque qu'il en entende parler à l'école par des enfants.  J'ai pris cette décision parce que le tueur pourrait bien être un TED.  Et puis, j'ai entendu cette femme dire que l'autisme était une maladie mentale. 

Et j'ai eu peur.  J'ai eu peur qu'un adulte, parent d'un enfant, fasse lui aussi un commentaire à la maison.  Et que cet enfant, sans en comprendre le sens, ou la nuance, le répète à mon fils à l'école.  Le jugement des autres, lorsqu'on est parent d'enfant différent, c'est très difficile.  Le jugement des autres, lorsqu'on est un enfant différent, ça laisse des marques au fer rouge sur leur peau déjà meurtrie. 

J'en ai donc parlé à ma sauterelle.  Sans trop de détails.  Mais assez pour qu'il le sache et qu'il ne se laisse pas surprendre.

C'est ça ma job de mère.  Prendre soin de mon enfant.  Prendre soin de tous les enfants.  Chacune de ses blessures me feront mal.  

Noël est à nos portes.  Offrons à nos enfants le plus beau cadeau qu'on puisse leur offrir.  Aimons-les. 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est tellement vrai ; si bien écrit. Merci d'avoir mis en tes mots ce que nous, les mamans, ressentons et ne comprenons pas, suite à ces drames.

Il n'y a rien à ajouter ; tu as tout dit et très bien dit. Merci !

Marjo