jeudi 16 juin 2011

Belzébuth

Le trajet pour aller travailler est tellement mieux que le même trajet à la fin de la journée. Je ne comprends d'ailleurs pas trop pourquoi...

Donc, assise dans la voiture, lunettes de soleil sur le nez, iPod branché dans l'auto, j'écoutais la musique. J'avais choisi "morceaux" sur le iPod, puis "aléatoire". J'aime faire ça, j'écoute de la musique variée et j'entends des chansons que je n'ai pas entendues depuis longtemps.

J'étais donc sur le boulevard des Allumettières et j'ai entendu la voix de Dédé Fortin. "J'habite dans un appart tranquille". Et cette chanson me ramène.

J'ai vu les Colocs en spectacle pour la première fois à l'été 1992. J'avais dix-sept ans, je sortais avec Etienne. Sans le savoir, j'allais entendre pour la première fois la chanson de la fameuse "p'tite Julie" et le "passe moé l'puck". Il faisait beau. Si je me souviens bien, les Colocs faisaient la première partie de Jean Leloup.

Deux ans plus tard, je les ai revus. Le 31 octobre 1994. Je m'en souviens comme si c'était hier. Le show commençait à 11 heures. On avançait l'heure ce soir-là. J'ai dû partir après cinq heures de spectacle. Une toute petite intermission où on n'a vu un film fait par Dédé Fortin. C'était au Club Soda à Montréal. C'était mon chum de l'époque, Sylvain qui m'avait offert les billets. Quel show! Patrick Esposito n'avait pas pu se lever de sa chaise tellement il était affaibli par la maladie. Il allait d'ailleurs mourir quelques jours plus tard. Une toute petite scène, une dizaine de musiciens et même, une batterie faite entièrement de casseroles.

Je me souviens aussi de l'annonce de la mort de Dédé Fortin. J'étais en voiture. Le choc. Un suicide, et de cette façon en plus. Puis ce soir-là, j'ai tenté d'expliquer à mon chum, celui qui allait devenir mon mari, ce que représentait Dédé pour ma génération. C'est un anglophone et il ne s'est jamais intéressé à la musique francophone. Difficile d'expliquer car Les Colocs représentaient un groupe presque culte pour moi. Mais si jeune... et à une si petite échelle.

Le film "Dédé, à travers les brumes" débute avec Belzébuth. Tout le film semble même s'articuler autour de cette chanson qui exprime je crois ce que Dédé devait ressentir dans les derniers miles. Le mal de vivre, l'envie de liberté, la peur de l'ennuie, des quatre murs qui nous retiennent prisonnier. Et la lame d'argent qui tue. J'avais invité Monsieur M. à voir le film avec moi. Lui aussi avait connu les Colocs, lui aussi les avait aimés.

C'est un film superbe. Tout en musique, tout en contraste. Sébastien Ricard y tient le rôle de Dédé à la perfection. Un film troublant, mais un beau film qui m'a fait aimer encore plus leur musique. Je me le suis acheté et je l'ai revu souvent.

Ma chanson préférée des Colocs? Dédé. suivie de près par Belzébuth. Ma chanson sexy par excellence? Juste une p'tite nuitte. Ma chanson de bonne humeur? Julie. La chanson la plus triste? Dehors novembre.

La musique est souvent associée à des souvenirs. On entend une chanson, on se rappelle un beau moment, ou un moins beau. Quand je pense aux Colocs, je pense par ricochet aux quatre hommes que j'ai aimés.

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