jeudi 28 juin 2012

Salut mon amie

J'ai fini un peu plus tôt aujourd'hui.  J'ai quitté le bureau à 15 heures sans culpabilité puisque j'avais travaillé passé 22 heures les deux derniers jours.  Mon iPhone était branché dans l'auto et j'écoutais les Cowboys Fringants quand une grosse boule a remonté ma gorge et mes yeux se sont remplis de larmes. 

(...)
Tsé Rémi moi aussi
J'en viens à me d'mander
À quoi ça sert la vie
Quand ça s'met à clocher

Et pis j'trouve que par bout'
C'est vraiment pas facile
Qu'on est ben seuls su'a route
Dans c't'univers débile
Mais rentre donc à' maison
T'as un flot qui t'adore
Ça c't'une vraie bonne raison
Pour pas passer d'l'aut' bord

Pis moi j'aurais pu' personne
J'aurais pu' mon vieux chum
(...)

Et j'étais là, sur l'autoroute, seule dans ma voiture rouge à pleurer, à regarder le ciel bleu et à me demander pourquoi tu as pu décider de quitter un endroit où le ciel pouvait avoir cette couleur.

J'imagine que c'est que parfois le ciel peut être sombre.  Qu'il peut nous lâcher des litres de pluie froide qui pénètre nos os et nous laisse trempés et grelotant pendant des heures.  J'imagine que c'est que parfois, il se voile de nuages blancs et bas qui nous cachent la lumière et nous étouffent par leur poids.  J'imagine que c'est parce que parfois, le simple fait de lever la tête pour regarder le ciel bleu devient trop difficile. 

Je ne sais pas mon amie ce qui t'a poussé à quitter tous ceux qui t'aimaient autant.  Mais je sais que je pense à toi souvent ces dernières semaines. 

C'est que vois-tu j'ai une autre amie, une que tu connais, une qui t'a pleurée aussi.  Cette amie ne va pas bien.  Elle passe à travers de dûrs moments et comme toi, elle doit faire face à des troubles de santé mentale.  Comme toi, elle doit apprendre à vivre, elle doit accepter de vivre avec ces pilules qui aident, mais qui pèsent lourd aussi. 

J'ai peur pour elle.  Elle n'a pas chez elle le soutien dont elle aurait besoin.  Même que c'est tout le contraire.  On lui reproche sa dépression.  On la diminue, on lui enlève sa dignité.  Ses parents, ses amis, tous sont derrière elle, mais ce n'est pas avec eux qu'elle vit.  Et j'ai peur.  J'ai peur qu'un journées, ses flots qui l'adorent ne soient plus une assez vraie bonne raison pour pas passer d'l'aut' bord. 

Alors mon amie je te demanderais une chose, va lui souffler dans l'oreille que tu regrettes, que la vie en vaut la chandelle, que c'est possible d'aller mieux.  Va lui souffler toute cette énergie qui t'animait autant et que tu as brusquement sacrifiée.  Voilà près de trois ans que tu es partie, j'ai fait de gros efforts pour te pardonner, j'aimerais maintenant que tu fasses cela pour moi, pour elle, pour ses enfants et tous ceux qui l'aiment. 

Salut mon amie.  Sache que je t'aime et que je pense à toi chaque fois que je vois un cycliste pédaler vigoureusement sous un beau ciel bleu.  xxx

2 commentaires:

Maude a dit…

C'est très beau :)

Anonyme a dit…

Ton billet est venu me chercher. J'ai vécu ce que tu vis - concernant ton amie - un homme que j'ai aimé a trouvé - lui aussi - que le ciel ne lui donnait plus que des nuages noirs.

Cette douleur, cette incompréhension, nous accompagne tout au long de notre vie. Et cette question qu'on se redit des centaines de fois : pourquoi... ?

Je te souhaite qu'une bonne journée tes larmes ne couleront plus soit en écoutant une chanson, en lisant un poème ou un passage dans un livre.

Bonne fin de semaine !

Marjo