mercredi 14 mars 2012

Lancez-moi des roches

Ça fait déjà plusieurs jours que ce billet me trotte dans la tête.  Je sais que je ne me ferai pas d'amis, tous ceux qui m'entourent ont une opinion contraire...  Mais voilà, je me dis que les choses ne sont peut-être pas aussi simples et qu'il y a certainement des solutions qui pourraient faire l'affaire de tout le monde.

Je parle de la hausse des frais de scolarité.  On ne parle que de ça aux nouvelles et j'avoue que je suis fière de voir qu'un groupe de personnes se bat pour faire valoir son point de vue.  Je déplore toutefois la minorité (toute petite minorité) qui profite de ces manifestations pour faire du grabuge et les réactions des forces policières.

Cependant, je ne comprends pas pourquoi la hausse des frais de scolarité est si terrible.  Au Québec, aller à l'université ne coûte qu'une fraction de ce que ça peut coûter pour faire des études en Ontario.  Et pourtant, la proportion de la population qui va à l'université est supérieure au Ontario.  J'en déduis (à tort peut-être, je ne suis pas spécialiste...) que les frais n'ont rien à voir avec le taux de fréquentation.  Par contre, je sais que les Ontariens ont de meilleures habitudes d'épargne (épargne-retraite, épargne-études) que les Québécois. 

Je me pose aussi des questions sur la capacité du gouvernement québécois de continuer de subventionner les universités comme il le fait.  Notre province est dans le trou.  Nos fonds sont mal gérés et nous n'avons probablement plus les moyens de financer les études au même niveau.  Peut-être qu'il faudrait penser aux frais de scolarité proportionnels au salaire?  Peut-être qu'il faudrait penser à augmenter les bourses et prêts pour les familles à revenus moindres?  Peut-être devrait-on garder les frais de scolarité au niveau d'aujourd'hui dans les domaines où nous avons de grands besoins (par exemple, soins de la santé ou enseignement) et exiger que ces personnes travaillent au Québec, du moins pour quelques années?  Peut-être que les étudiants qui réussissent devraient payer moins chers que ceux qui changent constamment de programmes ou qui échouent leurs cours?

Je sais qu'il faut investir dans l'éducation.  C'est extrêmement important.  Je crois aussi qu'il est important également d'apprendre à se débrouiller.  Je ne vous raconterai pas comment je suis allée à l'université sans prêt ni bourse, que j'ai travaillé à temps plein toute la durée de mes études pendant que j'en voyais d'autres se payer des voyages dans le sud.  Je ne vous le dirai pas, mais ce serait vrai.

Il faut investir dans l'éducation.  Mais l'éducation commence au primaire, se poursuit au secondaire.  Je n'ai pas le chiffre exact, mais il me semble que le taux de décrochage au Québec est autour de 20%.  Pensez-y.  Un enfant sur cinq ne terminera pas ses études.  C'est énorme.  Selon moi, c'est en ciblant ce groupe de jeunes qu'on pourra augmenter le taux de scolarisation de notre société.  Je serais prête à payer plus d'impôts pour qu'il y ait moins d'enfants par classe, pour qu'il y ait plus d'intervenants et de spécialistes dans les écoles.  Je ne paierais pas plus d'impôts pour que les frais de scolarité baissent.  Je préfère de loin prendre ces sous et les placer dans un Régime d'épargne études pour mon fils.

Aller à l'université constitue en quelque sorte un investissement pour notre avenir.  Oui, c'est important pour notre société, mais d'un autre côté, l'étudiant qui obtient un baccalauréat, un maîtrise ou un doctorat recevra très probablement un bon salaire.  Si on met de l'argent tous les mois dans un REER, ça nous coûtera cher, mais en bout de ligne, nous récolterons.

La gratuité est un superbe principe et si notre province pouvait se le permettre, je serais d'accord.  Nous avons la gratuité dans le système de santé.  Est-on d'accord que ça ne marche pas?

J'aimerais beaucoup que le dialogue de sourds s'arrête.  Et quand je dis "dialogue de sourds" je parle des deux côtés.  Autant le gouvernement du Québec que les étudiants restent sur leur position et n'écoutent pas l'autre côté.  Je n'ai pas l'impression qu'il y a une négociation. 

En tout cas...  Je sais que vous ne serez pas d'accord avec moi.  Je vous comprends, j'ai l'impression d'être une paria...  :)  Soyez indulgents je vous en prie et ne lancez pas vos roches trop fort.

4 commentaires:

Catherine Paradis a dit…

Je fais parti de ton camps. Si quelqu'un te lance des roches, on sera deux pour les recevoir! ;)

Marie-Lionne a dit…

Mon opinion est assez claire sur le sujet et je ne me répéterai pas. Mais je ne te lancerai pas de roches pour autant, pour la simple raison que tu t'exprimes d'un ton respectueux, dans accuser qui que ce soit de tous les crimes... et le traiter de tous les noms...

Ceci dit, plus je vieillis et plus je suis de la gauche. Et plus j'ai envie de défendre des droits aussi basiques que l'éducation et la santé.

La première raison pour laquelle je suis contre la hausse des frais de scolarité en est une purement de principe. Si on accepte en fermant les yeux et en fermant notre gueule, ça n'aura plus jamais de fin et ça va rapidement devenir incontrôlable. J'ai très peur des conséquences... Le gouvernement, tu lui donnes un pouce, il prend dix pieds !

Van a dit…

Ben moi j'ai plus le goût de te frencher que te de lancer des roches! (Façon de parler ici han :P)

Moi la question principale que je me pose c'est: "Depuis quand l'éducation est-elle un droit acquis?" Il n'y a que moi qui voit ça comme un privilège d'aller à l'université? Et je n'ai pas 58 ans la! J'ai 24 ans et je pense qu'on est plus que très chanceux avec le système d'éducation qu'on a!

Il faut comprendre aussi que le gouvernement il y a 20 ans payait 20% des frais de scolarité d'un étudiant alors qu'aujourd'hui il en paie 80%. Mais ça c'est rare que c'est pris en compte!

Je comprends le point que si on laisse aller cette hausse, il peut en subvenir une deuxième-troisième-quatrième, etc. Et les suivantes peuvent être pire que la première! Mais peut-être que ça va normaliser le tout... On n'arrête pas de dire que l'avenir est dans les DEP, peut-être que les gens vont se tourner vers d'autres options!

GeSirois a dit…

Je suis tout à fait d'accord. On aspire à ce que tout soit gratuit au Québec; études, études supérieures, soins de santé, soins pour handicapés, soins de longues durée, de fin de vie, ect....et on est treeees loin d'avoir les moyens de nos ambitions. Il va falloir payer quelque part. On peut améliorer le système de prêt, le rendre plus accessible.mais augmenter les frais. À yawl, partout ailleurs, ça n'a rien changé au taux de fréquentation!