lundi 23 avril 2012

La paille, le bois et la brique

J'ai peur d'être brisée, d'être cassée, hors d'usage.  J'ai de la misère à écrire, j'ai envie de me replier et de garder mes mots pour moi, tellement le dire rend tout trop vrai.

J'ai été jeune, je me suis mariée.  Il m'a aimée, mais pas assez pour faire des choix à deux.  Pas assez pour calculer femme et enfant dans son équation.

J'étais moins jeune et j'ai choisi d'être heureuse.  Je me suis séparée.

J'ai été sage et j'ai pris le temps de me guérir.  J'ai construit mon autonomie, j'ai appris à vivre seule, à m'aimer, à devenir moi-même.  Je me suis construit une forteresse de paille.

J'ai été amoureuse.  J'ai cru que ça y était, que j'avais trouvé le parfait équilibre entre une homme avec qui j'étais plus moi que jamais et ma vie de mère autonome.  J'ai ouvert portes et fenêtres pour le laisser entrer.

Je me suis plantée.  Ma fragile forteresse s'est écroulée.   J'y ai trop cru, je me suis trop accrochée.  Il n'a pas su m'aimer, il n'a pas pu m'ouvrir son coeur. 

Je me suis enterrée.  Pendant de longs mois je l'ai cherché ailleurs, j'ai espéré, j'ai secrètement rêvé.  Ça a été long, trop long, mais j'ai finalement fait mon deuil.

Je me suis relevée et j'ai continué.  Toujours seule.  De branches trouvées, recueillies ici et là au fil des excursions, je me suis reconstruite.

Je me suis fait des amis.  Il y en a un qui s'est incrusté plus profondément.  Il y en a un qui, à coups de sourires et de coups d'oeil, à coups de présences qui se sont allongées, m'a donné envie d'y croire à nouveau. 

Je me suis laissé séduire.  J'y ai pris goût.  J'ai goûté les plaisirs de la vie à deux.  J'ai ouvert les murs, enlevé les planches et les branches peut-être un peu trop rapidement. 

Je me suis plantée encore.  J'ai ouvert mon coeur et ma porte et il est entré.  Il a fait sa place dans mon espace, il m'a laissée m'y habituer.  Mais il ne m'a pas fait de place dans son espace.  Il n'a pas pris ma main, il a préféré sa liberté à un juste équilibre. 

Alors je me suis réveillée de mon engourdissement et j'ai ramassé mon petit bois, mes brindilles de paille, mes branches à moitié cassée et je suis partie. 

Je me suis brisée.  Je ne veux plus laisser quelqu'un entrer et tout piétiner.  Maintenant c'est avec briques et mortier que je compte m'enfermer. Le loup aura beau souffler toutes les tornades de ses poumons, il ne pourra faire trembler mes murs.  Il y aura une belle porte qui ne s'ouvrira que pour les amis et la famille.  Une belle fenêtre pour voir dehors.  Mais mon chez moi restera chez moi.  Je n'ouvrirai plus la porte pour quelqu'un qui voudrait tout sauf m'ouvrir son coeur.

J'ai été jeune je ne le suis plus tellement.  J'ai fait confiance, mais à quoi bon...  De l'amour, je n'en veux plus.

2 commentaires:

Marie-Lionne a dit…

Triste, mais je peux comprendre, étant passée par là...

Maman Tupperware a dit…

:-(
Je t'envoie 1000 calins virtuels... Si tu laisse la fenêtre entreouvertes, ils te rejoindront.
Bisou ma belle!
Michelle x x x x