lundi 10 octobre 2011

De l'insuline pour les diabétiques

Ma sauterelle était en maternelle. C'était avril ou mai. Le pédiatre a diagnostiqué un trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité et impulsivité. Il a fait une ordonnance.

J'ai gardé le papier dans mon sac quelques jours. L'idée de donner des médicaments à un enfant de cet âge ne me plaisait pas. Finalement, j'ai décidé d'essayer. Un mois.

C'est drôle. Si mon fils avait été atteint de diabète ou s'il avait eu une autre maladie chronique, je n'aurais pas hésité une seconde. C'est certain qu'un TDAH ne tue pas...

Ce matin, je lisais un blog en anglais. On parlait du TDAH et les réactions des gens m'ont jeté par terre. Tellement de préjugés. Le nombre de femmes qui disaient que les parents médicamentaient leurs enfants pour ne pas avoir à faire de discipline. Qu'on en faisait une bande de zombies...

C'est tellement loin de la vérité. Mon garçon n'est pas moins actif lorsqu'il a pris son médicament. Je crois même que ça n'a aucun effet sur son énergie.

Les différences? Il est focus. Je sais, c'est un anglicisme, ça ne se dit pas en français. Mais je ne trouve pas de meilleure façon de le dire. Il est capable d'accomplir des tâches simples, et moins simples. Un exemple? Le matin, il n'arrive pas à s'habiller. Enfin, oui, il y arrive, mais c'est long. Souvent, il met ses pantalons avant ses sous-vêtements, ou il met son chandail à l'envers... plusieurs fois de suite. Se brosser les dents peut lui prendre 15 minutes. Son esprit vagabonde d'une chose à l'autre. Le médicament n'a pas encore fait effet à cette heure.

Quoi encore? Il est moins frustré. C'est un enfant intelligent. Il sait quand il n'arrive pas à se concentrer sur une tâche. À l'école, c'est vraiment difficile; même avec les médicaments, sa concentration n'est pas la même que celle des autres et ça lui demande beaucoup d'efforts. Si on ajoute son TED à l'équation, son esprit est en constant état de rattrapage. Jusqu'à maintenant, il arrive à garder le rythme.

Et il est de meilleure humeur. Il sourit, il est content. Il réussit bien à l'école, il a une meilleure estime de lui-même. Il est fier de ses dictées sans fautes ou de ses A en mathématiques.

J'aimerais cent fois mieux ne pas lui donner sa pilule tous les matins. J'aimerais ne pas avoir à lui mettre autant de pression pour qu'il mange plus et prenne du poids. J'aimerais qu'il s'endorme plus facilement et qu'il puisse avoir des nuits de sommeil de dix heures. Il y a tellement de choses que j'aimerais mieux que sa réalité. Mais il pourrait être diabétique. Ou pire.

On me dit souvent que je suis une bonne mère. Je suis une bonne mère. Mais ce n'est pas parce que je pousse l'école pour que mon fils ait des services. Ni parce qu'il est suivi par 3 médecins différents. Ni parce que je le calme et le berce pendant des heures lorsqu'il fait une crise d'anxiété. Tout ça ne fait pas de moi une bonne mère. Ce qui fait de moi une bonne mère est que je fais ce que je dois faire. Au même titre que toutes les mères et tous les pères qui font ce qui doit être fait.

7 commentaires:

Marie-Lionne a dit…

Le Ritalin et les autres molécules qui lui ressemblent ne rend pas sombie. C'est un mythe ! Ce n'est pas un calmant, ça n'abrutit pas. Ça permet une meilleure connexion au cerveau. Ça permet au corps de décréter plus de neurotransmetteurs, substances essentielles pour que l'information passe. Point barre. Un enfant atteint de Trouble déficitaire de l'attention, avec ou sans hyperactivité, a un problème de sécrétion de neurotransmetteurs. Si on aide ce processus, on l'aide tout simplement.

Ces fausses informations me mettent hors de moi ! Alors je te comprends tellement ! Il y a des gens... stupides ! Et ils le sont tellement, qu'il ne vaut même pas la peine d'essayer d'argumenter avec eux... Tu fais ce que tu as à faire, et c'est bien ainsi :)

Marie-Michèle Ricard a dit…

Je te comprends. Ça me fâche aussi. Ce qui fâche le plus, c'est que j'ai l'impression que ces commentaires proviennent de personnes qui ne connaissent pas le processus. Ce que dit Lionne est entièrement vrai. Mais il faut avoir lu sur le sujet pour pouvoir dire ça. Et "lire", ça veut dire lire le côté scientifique du TDAH. Rien d'autre... Quand on oeuvre dans le domaine de la psychologie, de la médecine ou autre domaine, on passe une bonne partie de notre temps à démystifier... Et c'est long, démystifier. Défaire les mythes... incrustés...

Bref, je te lève mon chapeau pour avoir tenté l'expérience et pour avoir donné l'outil le plus adapté aux besoins de ton fils.

Ils en parlaient justement à Salut Bonjour ce matin... La doc parlait du livre "Mon cerveau a besoin de lunettes"... je l'ai référé tellement souvent à des parents comme ouvrage de référence ce livre-là...

Marie-Lionne a dit…

http://michellemarcoux-mamantupperware.blogspot.com/2011/10/mea-culpa.html?spref=fb

Stéphanie, as-tu ;u ce qui précède ? Si non, vas-y !!

Marie-Lionne a dit…

Marie-Michèle... Ton nom m'a évoqué quelque chose... et j'ai soudain allumé ! J'ai ta mère dans mes contacts facebook ! Hehe...

Maman Tupperware a dit…

Nous semblons avoir publié un texte similaire la même journée. Je suis maman d'un garçcon de 6 ans qui souffre d'un TDAH type mixte sévère, d'un TAG et d'un trouble oppositionnel sans provocation. Comme vous, je donne des médicaments à mon fils.. Comme vous, je tente le plus possible de combattre l'ignorance et de sensibiliser les gens.
Un ouvrage pertinent sur le sujet est sans dout "Ces parents à bout de souffle"..
Courage à vous aussi! En vous lisant, j'ai enfin compris que nous ne sommes pas seule!
Maman Tupperware

Marie-Michèle Ricard a dit…

@Lionne : effectivement... ;)J'ai commencé à blogger à l'arrivée de mon fils, ça a donné le goût à ma mère, elle visitait les listes de blogs, et elle est tombée sur toi !

Caro l'ergo a dit…

Ça me touche beaucoup ce que tu écris. L'exemple de la personne diabétique est bonne pour plusieurs conditions.

Comme thérapeute, je suis parfois confrontée au fait qu'il faut amener les parents à consulter pour faire médicamenter leur enfant. Je ne suis pas ''pro médication'', mais dans certains cas, c'est essentiel. Ça permet à tous d'avancer : au quotidien, à l'école, en société, en thérapie, etc.

La médication est une thérapie en soi. Ne remplace pas toutes les thérapies ou interventions, mais permet de cheminer avec elle.

Bravo Stéphanie pour ta compréhension et ton écoute face à ton fils. Il t'en remerciera.