dimanche 6 février 2011

Intimidation

Tous les deux vendredis matins, nous avons une réunion avec tous les gestionnaires et directeurs de notre direction générale. Nous nous occupons de donner des services (ressources humaines, informatique, gestion de l'espace, finances, achats, etc.), c'est donc important qu'on se tienne au courant sur ce que nos clients font. Ces réunions sont une occasion d'échanger, nos clients viennent souvent y faire des présentations sur ce qu'ils font.

Mais ce vendredi, la présentation était pour nous, pour mieux gérer, pour garder les yeux ouverts.

Nous avons parlé d'intimidation dans le milieu de travail.

C'était vraiment très intéressant. L'intimidation en milieu de travail au fond, ça ressemble à ce qui se passe dans la cour d'école, mais un adulte qui intimide, c'est beaucoup plus difficile de le voir.

Il y a quelque temps, une de mes employée est venue me voir avec un problème. Dans une de ses classes, il y avait un étudiant difficile. Il coupait la parole aux autres, il prenait le contrôle des discussions, tapait sur la table du plat de la main, utilisait des mots comme "hypocrisie, je déteste, c'est ridicule" constamment. Les autres étudiants se sentaient jugés et n'avaient pas la chance de donner leur opinion. De plus, il s'amusait à raconter des histoires au sujet des humiliations qu'il faisait subir à ses collègues, à ses voisins. La prof en était malade. Elle avait beau avoir essayé d'établir des règles de conduite en classe, rien n'y faisait. Et l'idée de lui parler directement la stressait. Elle est donc venue m'en parler.

Je suis allée en classe pour "observer la prof" (c'est ce qu'on a dit aux étudiants). Je voulais voir le comportement en question. C'était terrible. Et clairement, dès qu'une femme parlait, il s'amusait à la ridiculiser.

J'ai donc décidé que nous ne l'accepterions plus dans nos classes. J'en ai parlé à ma patronne et avec son accord, j'ai communiqué avec le patron pour lui expliquer la situation.

Le patron est tombé par terre. Il était surpris de tout ça. À son avis, cet employé n'avait pas ce genre de comportement. Il s'entendait bien avec ses collègues et il était respectueux.

Nous avons organisé une rencontre à 4. L'employé son patron, moi, ma patronne. Pour établir des règles de conduite en classe. Pour clarifier les comportements acceptables et ceux qui ne l'étaient pas. Ça n'a pas été possible. La communication s'est faite d'un côté uniquement. Il a parlé. Et parlé encore. Et il a accusé.

Un cas classique d'intimidateur en milieu de travail. Et ça fait peur. Car ce gars, il est brillant. Il flatte son patron dans le sens du poil. Il martyrise ses collègues. C'est sûr et certain qu'il obtiendra une promotion, qu'il deviendra directeur. Avant ses 40 ans certainement (il en a 35 maintenant). Quand il sera en haut de l'échelle... qui osera s'opposer à lui?

Non vraiment, le bullying est un réel problème. Et le pire dans tout ça, c'est que tout le fardeau de l'intimidation repose sur les épaules de la victime. C'est elle qui souffre. Et c'est elle qui a la responsabilité de dénoncer. C'est beaucoup demander que de demander à une personne en détresse de dénoncer, de se lever et de brasser. Surtout que les victimes d'intimidation sont la plupart du temps des personnes qui veulent plaire, des personnes qui n'aiment pas le conflit, qui ne parlent pas fort et qui préfèrent ne pas se faire remarquer.

Si vous êtes témoin d'intimidation, parlez-en. Si vous gérez une équipe, parlez-en. C'est la seule chose concrète qu'on peut faire pour prévenir l'intimidation. En tout cas la seule à laquelle je peux penser.

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