vendredi 30 septembre 2011

L'art de se faire brasser

Quelle semaine... Je disais à un ami cette semaine que je crois souffrir de démotivation chronique. Dans le sens où elle revient à intervalles réguliers au rythme de l'humeur de ma directrice générale et de mon sous-ministre-adjoint.

Qu'est-ce qu'ils ont fait cette semaine? Disons qu'ils ont préparé un document qui servira de conseil à la haute-gestion pour une prise de décision concernant l'avenir de mon programme et de mon équipe. Disons que ce document contient des faussetés. Et pas des petites. Du genre qui pourrait sérieusement entacher ma réputation comme gestionnaire. J'ai tenté de corriger le tir, à deux reprises, j'ai approché ma DG pour que des corrections soient apportées. Deux fois. Rien. Je lui ai apporté les preuves. Des chiffres, ça ne peut être plus clairs. Des faits. Rien. Je n'ai même pas eu de réponse.

Je ne sais pas ce que je peux faire. Je n'en ai aucune idée. Je n'ai plus confiance en mes patrons, sauf en ma patronne directe. Et mes patrons ne me font pas confiance. Ni à moi ni à personne d'ailleurs. Lors d'une réunion hier, le message a été clair. "Toutes les décisions doivent passer par moi parce que je ne vous fais pas confiance de prendre la bonne décision."

C'est très difficile de travailler dans un climat comme celui-là. J'ai envie de tout laisser là et de lui dire de se débrouiller si il n'y a qu'elle qui peut faire le travail.

Et à partir de lundi, je ne serai plus en mesure d'offrir toute une gamme des services que j'offrais encore aujourd'hui. Services que mes clients ont déjà payés. Mais je n'ai plus le personnel pour le faire. À partir de lundi, je suis seule pour faire la job de trois personnes. Quatre presque. Parce qu'elle m'a "donné" une employée problèmatique, dont personne ne veut, pour faire le travail d'adjointe administrative. Donc, lundi, en plus d'avoir trois job, je vais devoir former cette femme qui ne veut absolument pas travailler. Et je vais devoir gérer son rendement. Puis, comme si ce n'était pas assez, l'intérim que j'occupe depuis près de deux ans s'est terminé aujourd'hui et je n'ai aucune idée s'il sera prolongé. J'ai gagné le processus de sélection pour ce poste, mais je ne sais pas si on me donnera le poste.

Et à partir de lundi, je vais avoir à gérer toutes les plaintes, à cause des services que je ne pourrai plus offrir.

Je n'ai pas hâte à lundi. Penser à lundi me stresse.

Aujourd'hui, je rencontrais ma patronne directe, celle qui me soutient, appelons-la Maj. Et je lui ai exposé mon plan pour tenter d'offrir le plus de services possibles. Pour ne pas briser le lien de confiance qui existe entre mes clients et moi. C'est important. Je me suis fait dire non. Plus j'en fais, plus mes deux autres patrons pourront user de cet argument pour continuer d'utiliser l'argent que les clients m'ont donné pour les services, donc pour payer le salaire des employés que je n'ai plus, pour payer autre chose.

C'est difficile à expliquer ce que ça me fait. C'est tellement important pour moi de faire un bon travail. Comme je disais à Maj, je trouve ça valorisant ce que je fais. Quand j'arrive à la maison et que j'ai eu une bonne journée, productive, valable, je me sens énergisée. Quand je reviens à la maison et que j'ai passé mon temps à dire non, que j'ai vu des employés découragés, je suis de mauvaise humeur.

Maj m'a brassé aujourd'hui, et pas à peu près. Rien de méchant, mais elle a su toucher les points sensibles. Elle a pointé les dangers qui m'attendaient. Elle trouve que je travaille trop, que j'accorde trop d'importance à mon travail.

Je dois trouver une façon de faire face à cette semaine qui s'annonce. Je dois passer cette fin de semaine à me faire une carapace pour ne pas me laisser affecter par toutes les plaintes et les revendications des clients. Je dois me répéter que dans la vie, les choses ont l'habitude de se régler avec le temps.

Maudite job quand même... depuis six mois, elle m'en fait voir de toutes les couleurs. Je me demande pourquoi je l'aime autant et pourquoi l'idée de partir me faire si peur. J'imagine que ce que j'aime ce sont les gens - pas ma DG - mon équipe.

3 commentaires:

Patricia PEDRAZZOLI a dit…

Quand je te lis, j'ai l'impression de faire un bon en arrière de quelques mois !!
Investie comme personne, dans un travail qui te passionne .... des relations humaines qui te font aimer ce que tu fais ... et la route tourne, vite, de plus en plus vite, puis un jour on se dit "tiens c'est bizarre, je ne vis que pour ça" !!
Ton corps dira "stop" et il aura raison de dire "stop" !
Une seule chose je te dirai, si j'osais, pose toi avant que ton corps ne te l'impose ... et réfléchis sur TES priorités ...
Je t'embrasse fort
Ton parcours me touche vraiment ..

Marie-Lionne a dit…

Sauve ta peau, bon sang, SAUVE TA PEAU !! Et je sais être bien placée pour te le dire...

cryzal a dit…

C'est assez pas facile de tout comprendre de l'extérieur..

mais ce que je ressens quand je te lis est que tu vaux 100 fois mieux que de la façon que tu es traité et que tu pourrais facilement te trouver autre chose...car tu vas y laisser ta peau....