vendredi 16 octobre 2009

Le temps... adversaire redoutable

L'année 2009 n'est pas encore terminée et déjà je rêve à 2010. Comme si en changeant de calendrier, on avait automatiquement un nouveau départ, on repartait à zéro.
2009 pour moi a été bien remplie disons. Je suis tombée amoureuse, j'ai voyagé, j'ai perdu le poids que je voulais perdre depuis 6 ans, j'ai eu le coeur brisé et j'ai perdu une amie. Des hauts très hauts et des bas, très bas.
C'est au retour de mon superbe voyage à Banff que la chute a commencé. C'était en juillet, il pleuvait tous les jours. C'est devenu clair que je devais lâcher prise. Que le temps n'était tout simplement pas de mon côté. L'homme que j'aimais, que j'aime toujours, qui m'aimait aussi, n'était tout simplement pas prêt. Il n'a pas pu m'expliquer, probablement qu'il ne peut pas se l'expliquer à lui non plus, pourquoi. Mon avis? Ses peurs, ses blessures n'ont tout simplement pas eu le temps de guérir. La bonne personne, le mauvais moment... Un mauvais tour du temps.
En même temps d'essayer de gérer toutes ces émotions, ma première vraie peine d'amour je crois, je devais gérer le stress associé à la situation de mon fils. C'est un garçon brillant, attachant, drôle et qui doit faire face à des défis. En juillet, j'ai reçu un appel d'une éducatrice de son camp de jour. Le soir même, les enfants devaient aller dormir au Musée des civilisations. Eh bien, la dame en question ne voulait pas que mon fils participe à l'activité parce qu'il n'arrivait pas à bien suivre le groupe et elle avait peur que l'éducatrice le perde dans le Musée. Quoi? À quelques heures d'une sortie dont mon fils parle depuis des jours, je devrais lui expliquer qu'il ne peut plus y aller? Et pourquoi? parce que vous n'avez pas bien planifié votre affaire? J'ai passé à deux doigts d'accepter d'aller le chercher puis me suis ravisée. J'avais payé le même prix que tout le monde. C'était à eux d'assurer suffisamment de personnel pour une telle activité et mon fils n'avait pas à payer. J'ai tenu mon bout. Là, la dame m'a dit qu'à son avis, mon fils était déficient et que je n'avais pas été honnête en inscrivant mon fils dans un camp de jour régulier.
Mon fils est très intelligent, en fait son QI se situe dans le 95e percentile. Il a un diagnostic de TDAH avec impulsivité, un diagnostic de dyspraxie motrice et d'hyper et hypo sensibilité. Oui, il demande plus d'encadrement et de supervision et en groupe, c'est plus difficile, mais si le système scolaire lui convient, qui est cette dame pour affirmer de telles choses?
Cet incident m'a fait entrevoir l'avenir de mon fils. Sera-t-il victime de discrimination? Sera-t-il marginalisé? Serais-je capable de l'aider, de le protéger? S'est ensuivi des semaines de doutes sur mes capacités en tant que mère. Je me suis même demandé si je n'étais pas responsable involontairement de ses difficultés.
Et bien sûr, pendant ces semaines difficiles, mon homme me manquait terriblement. Depuis un an qu'il m'écoutait et me conseillait sur ce que je devais faire pour mon fils. Son propre fils avait des défis semblables alors il comprenait. Mais il n'était plus là.
Tout ça était en juillet, et même le soleil ne pouvait m'aider. J'ai eu quelques bonnes semaines en août, de très belles vacances dans la région de Charlevoix qui m'ont rapproché de mon fils.
Puis en septembre, une amie m'appelle. Elle pleure et ne va pas bien. Elle vient me voir à la maison. Elle vient d'apprendre que son mari la quitte. On parle pendant des heures et elle repart chez elle. Quelques heures plus tard, elle est morte. Mon amie s'est suicidée. Sa souffrance était telle qu'elle a décidé, en un instant, d'en finir. Je n'ai rien pu faire, je ne l'ai pas vu venir. Jamais je n'aurais cru que 24 heures suffisait pour décider d'en finir.
Les funérailles étaient belles, mais je n'ai pu effacer l'image de la souffrance de son mari, du fardeau qui semblait écraser les frêles épaules de son fils de 13 ans. Cette image restera à jamais gravée dans ma mémoire et mes cauchemars. En un instant, un tout petit instant, mon amie a à jamais transformé la vie d'un homme qu'elle aimait depuis 25 ans et de ses trois enfants. Comment cet homme pourra-t-il vivre heureux maintenant? Comment ses enfants pourront-ils ne pas lui en vouloir d'avoir voulu laisser leur mère? Un tout petit instant, des vies entières marquées à vie. Et aurait-on pu y changer quelque chose? Je ne pense pas.
Le suicide de mon amie m'a profondément ébranlée. J'étais déjà fragile, j'ai cru être brisée. J'en ai perdu le sommeil. Des semaines sans pouvoir dormir. J'ai lâché la corde qui m'aidait à rester debout dans les moments difficiles et je suis tombée. J'ai arrêté d'avancer et le temps a continué.
Aujourd'hui, je vais beaucoup mieux. Surtout parce que j'ai accepté de prendre le temps d'aller mieux. Je me suis reposée, j'ai pris deux semaines de congé maladie, j'ai parlé à quelqu'un de neutre et je vais mieux.
J'ai appris qu'il ne sert à rien de se battre contre le temps. Aller plus vite, aller moins vite, c'est impossible. Le temps est ce qu'il est et même si je lui en veux de ne pas avoir été de mon bord, de m'avoir envoyé cet homme au mauvais moment, de ne pas me dire ce qui arrivera pour que je puisse m'y préparer et de ne pas avoir laissé de chance à la famille de mon amie, c'est comme ça.
Je ne peux qu'espérer que 2010 m'apportera un vent de renouveau et de beau temps. J'en aurais bien besoin.

2 commentaires:

Rachel a dit…

Hummm... Que dire?? Je n'étais pas au courant de tout ça... Du moins, je ne connaissais pas les détails. Tu es une femme courageuse. J'avais raison de penser que le bonheur n'est pas garant d'un bon blogue. Quel texte!! J'avais des frissons...

Pour ce qui est de ton fils, il va bien s'en sortir car il a une bonne mère solide qui veille au grain. Pour ce qui est de l'Homme, c'est malheureux... Pour ce qui est de ton amie, c'est très très malheureux. Moi aussi j'ai été confrontée au suicide dernièrement. C'était moins proche de moi que toi, mais je me posais sérieusement la question à savoir comment les gens en arrivent à ça!!??!!

Prends soin de toi... xx

Anonyme a dit…

I love and support you. I am happy that you are feeling better. Big hug!