jeudi 10 décembre 2009

Mon papa à moi

Mon père a soixante ans. Il ne les fait pas et honnêtement, quand je pense à lui, je pense qu'il a encore quarante ans, comme si pour moi, il avait arrêté de vieillir à cet âge. Comme ma mère d'ailleurs.

J'ai une relation bien spéciale avec mon père. Plus je vieillis, plus je me rends compte à quel point je lui ressemble. Pourtant, pendant longtemps, j'étais en déni total. Mais il a bien fallu que je me rende à l'évidence.

On parle des rôles des hommes et des femmes à la maison. Eh bien, ma famille était avant son temps je crois. J'ai eu deux parents très présents. Ils travaillaient au même endroit, aux mêmes heures. Les tâches ménagères étaient réparties également... du moins, c'est la perception que j'en avais. Mon père s'est occupé de nous autant que ma mère.

Mon père est un joueur de tour. Un raconteur d'histoires. Encore aujourd'hui, quand on a un souper de famille, je sais qu'il racontera une histoire, que tout le monde va l'écouter et trouver ça drôle. Je sais qu'il va faire une couple de jeux de mots. Une ou deux imitations peut-être.

Il est sociable. Il est drôle. Il est intelligent. Il connait tout le monde.

Enfant, ma soeur avait une amie qui habitait un peu plus loin. Mon père lui avait fait croire qu'il était plongeur olympique... et qu'il avait pris sa retraite à cause d'un ongle incarné.

À l'âge de 5 ou 6 ans, j'ai "presque" convaincu ma gardienne dans la cinquantaine que je mettais effectivement du miel de tortue sur mes toasts le matin. Mon père nous disait cela quand on était petites ma soeur et moi. Et ce que mon père disait, c'était vrai! Le soir, quand mon père est venu nous chercher à la garderie, la gardienne lui a demandé si c'était vrai ou si j'étais juste une très bonne menteuse...

Je le trouvais donc beau mon père. Bronzé, les cheveux noirs. Je trouvais qu'il ressemblait à Punch, dans CHiPs. Il avait un chandail pareil, un t-shirt brun si je me souviens bien. Le complexe d'Oedipe a duré longtemps chez moi...

À l'âge de 5 ans, j'ai décidé de regarder le hockey pour passer du temps avec lui. Je me souviens... c'était en 1979 et il m'a dit d'un joueur de l'équipe adverse : "Le numéro 99, tu vas voir, ce sera tout un joueur!".

Depuis ce jour, nous avons toujours eu les Canadiens de Montréal en commun. Mon sang est d'ailleurs bleu-blanc-rouge. C'est rare que nous n'en parlions pas quand on se voit, ou qu'on clavarde. On parle des matchs, des échanges, des trios... Pendant les séries, on regarde les matchs ensemble, avec ma mère qui est maintenant aussi fan que nous. On s'assoit à des endroits spécifiques, on change de place quand ça va mal. On saute, on crie, on se tape dans les mains quand il y a des buts. Je me souviens même de mon père faisant une glissade dans le salon lors d'un match contre les Maple Leafs il y a quelques années.

Noël approche... Mon plus beau cadeau de Noël, je l'ai reçu en décembre 1986. Nous passions Noël à Granby et le dernier cadeau que j'ai ouvert était dans une boite de stylos Parker. J'avais douze ans et je trouvais que des stylos, ce n'était pas vraiment un beau cadeau. À l'intérieur : deux billets dans les rouges pour le match du 27 décembre contre les Whalers de Hartford au Forum de Montréal. J'étais tellement contente! Je suis partie deux jours plus tard pour Montréal avec mon père et on a regardé les Canadiens gagner 6-2. Patrick Roy était dans les buts. Guy Carbonneau était capitaine je crois. Et mon joueur préféré, Claude Lemieux, a fait deux buts. C'était mon plus beau cadeau. Le match, la victoire, Claude Lemieux, et mon père. Il m'a acheté une rondelle... que j'ai toujours.

Je t'aime papa!

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